mardi 11 août 2015

La polémique de la jupe longue

Je sais bien qu'il est un peu tard pour parler de cette anecdote, mais je n'avais pas de blog à l'époque et je souhaiterais tout de même m'exprimer à ce propos. De plus cet événement s'inscrit dans des thèmes qui sont, eux, toujours d'actualité : l'islamophobie et l'égalité des sexes.

Il y a quelques mois, une jeune fille musulmane est allée au collège en jupe longue et s'est faite renvoyée chez elle. Son renvoi a été justifié par son attitude provocatrice voir même prosélyte. Personnellement, j'ai beaucoup de mal à voir en quoi une telle attitude peut être qualifiée de prosélytisme ! Provocatrice alors ? C'est une jeune fille musulmane, la religion prescrit de cacher ses formes, il fait chaud... La jupe me paraît ici un choix purement logique et non provocateur, de plus elle retire son voile avant d'entrer dans son collège. Bon, on peut tout de même voir cela comme une provocation : "Vous m'empêchez de porter les signes de ma religion mais je resterai quand même fidèle à ses préceptes !" Une provocation bien innocente à mon avis, du type qui ne dérange personne et qui ne devrait pas être sanctionnée.

En plus du fait que la jupe longue corresponde tout aussi bien aux préceptes de la religion musulmane qu'aux principes français de laïcité, si elle n'avait pas adhérer à l'islam, ça n'aurait posé aucun problème. Une jeune fille complexée par ses formes, par exemple, aurait très bien pu adopter la même attitude (mettre soit un jean soit une jupe longue). C'est là tout le problème, aujourd'hui l'islam fait peur. Et oui il y a eu des attentats et ça a été horrible pour chacun de nous, même musulman. Mais de là à croire que l'islam extrémiste, celui qui est capable de tuer sur demande d'un imam, se cache derrière une gamine en jupe longue ?!

Cependant, cet événement ne met pas seulement en exergue le problème de l'islamophobie en France.
En effet refuser à une femme qu'elle porte une jupe longue c'est quelque part lui refuser le droit de cacher ses formes. C'est là qu'on va nous dire que les femmes se sont battues pour avoir le droit de mettre des jupes courtes. Il n'y a rien à nier là-dessus, c'est vrai ! Seulement elles se sont battues pour avoir le droit de porter des jupes courtes et non pour en faire un devoir. Refuser que les femmes portent des jupes longues, c'est une toute nouvelle forme d'atteinte aux droits des femmes, une atteinte qui semble assurer que toutes les femmes devraient vouloir être désirables. Seulement parfois, une jupe courte signifie être reluquée salement à chaque fois qu'on traverse la rue. Voilà pourquoi je ne comprends pas ces réactions, et que même pour une raison de religion, cette jeune fille est totalement dans son droit.

Lors de cette polémique, je suis tombé sur un article (La minijupe au service de la laïcité) qui m'a profondément choqué. L'auteure (enseignante d'histoire et géographie) commence par expliquer (dans les deux premiers paragraphes) que le port de la jupe longue est une provocation mais ne peut être réellement sanctionné.
La suite me dérange plus, peut-être n'ai-je pas compris l'ironie... ? Voilà comment elle imagine répondre à cette provocation : "Je pense que j'aurais lancé un vaste mouvement "toutes en jupes courtes" ([...] rien d'obligatoire)". Mettons de côté que je pense qu'on n'a absolument rien à redire au comportement de l'élève, j'ai deux problèmes avec cette réaction. 
Le premier c'est qu'on encourage pas, en particulier des enfants mais également des adultes, à porter une minijupe (ou tout autre type de vêtement). Parce que d'une part c'est critiquer sa façon de se vêtir et de s'exprimer si cette personne ne s'habille pas comme ça en général. Et même avec ce "rien d'obligatoire", ça reste un encouragement et donc une critique. D'autre part parce qu'on encourage encore moins des enfants à s'habiller d'une façon courte ! (Même des adultes en fait !) Moi quand j'étais au collège, le problème c'était les élèves trop peu habillés, et on ne les renvoyait même pas chez eux, on leur prêtait des vêtements ! Je me rends compte aujourd'hui à quel point ils avaient raison… Et quand je dis trop peu habillé, la jupe au dessus du genoux n'est pas remise en cause, mais un collège n'est tout de même pas une plage.
Le deuxième problème, plus grave, c'est que ce mouvement unit l'ensemble du corps enseignant et des élèves contre une seule personne... Et ça, ce n'est ni plus ni moins que de l'exclusion, cautionné par l'établissement scolaire. De l'exclusion par rapport à une religion puisqu'on en aurait jamais parlé si Sarah avait été catholique.


Quelques liens :

Pour recontextualiser : 
Charleville-Mézières : Une collégienne exclue à cause d'une jupe trop longue lexpresse.fr

Des articles sur la laïcité et l'islamophobie que j'ai trouvés intéressants :
Laïcité : "Va-t-on interdire les jupes plissées bleues marines ?" lemonde.fr (article abonné)
Islam : une semaine ordinaire en france lemonde.fr
Trop longue la jupe de Sarah ? Celle de NKM n'a pas fait polémique. Stop à l'hypocrisie ! lenouvelobs.com

L'article d'un blog du monde critiqué plus haut :
La minijupe au service de la laïcité lemonde.fr

vendredi 31 juillet 2015

Sexisme ambiant

Dès notre enfance, on nous met dans des cases. On nous apprend à aimer le rose et les couleurs claires ou bien le bleu et les couleurs foncées. On nous enseigne avec quels jouets on doit s'amuser (ils sont même choisis par nos parents selon notre sexe).

Si vous êtes un garçon, vous pourrez jouer à des jeux qui évoquent des métiers (bâtiment, automobile,…) ou bien à des jeux plus agressifs. Si vous êtes une fille, les jeux vous apprennent à prendre soin d'enfants et vous prépare à vos futures tâches ménagères.

Je ne crois pas que nos parents agissent ainsi volontairement, mais qu'ils reproduisent les schémas qu'on leur a inculqué. Le but de cette différenciation semble être de vous préparer à une vie sexuelle et familiale correspondant aux bonnes mœurs du début du siècle précédent.

Alors ne serait-il pas préférable que les parents cassent ces codes ?

Parce que les codes imposent à chaque sexe des caractéristiques dont il pourrait se passer : les hommes sont encouragés à être agressifs, forts et surs d'eux mêmes et les femmes douces, fragiles et dociles. Force, assurance, douceur sont des traits dont chacun devrait pouvoir être fier, indépendamment de son sexe. Et pourquoi pousser un enfant en train de se construire à être agressif ou fragile ? Quant à la docilité, telle qu'on l'attend chez une femme ça signifie faire sans broncher ce que son père, son professeur son patron ou même son compagnon décide, sans remise en question.

En réalité, ce que je souhaite vraiment c'est de ne pas être jugé en fonction de mon genre mais être vu comme un être humain. Parce que je suis un être humain à part entière et que « tous les Hommes naissent libres et égaux en droit ».

Ce que je veux c'est d'être pris au sérieux indépendamment de mon sexe. Que je sois enseignant, auteur, homme politique, maçon. Par exemple, en tant que femme, ce que je veux c'est qu'on ne me prenne pas pour un objet sexuel, même si je suis jolie et que si j'ai dit non, on ne me dise pas que quelque part je le voulais. Je veux être respectée et pouvoir sortir sans être arrêtée ni reluquée toutes les cinq minutes et ce quelque soit ma tenue. Je veux pouvoir sortir le soir, la nuit, comme n'importe quel homme sans courir de risque. Ce que je veux c'est ne pas être jugée parce que j'ai choisi de ne pas avoir d'enfant ou de privilégier ma carrière ou parce que je ne sais pas cuisiner. Je veux pouvoir m'habiller de façon provocante sans être traitée de fille facile ou m'habiller et me coiffer comme un homme sans être jugée d'aucune manière. Je veux pouvoir m'habiller de façon confortable sans qu'on pense que je ne prend pas soin de moi.
Enfin, je veux pouvoir vivre comme un homme si ça me chante, sans me prendre des remarques sexistes à tout va.

Je sais bien que j'en veux un peu beaucoup. Le sexisme ente dans nos mœurs par un lavage de cerveau dès le plus jeune age. Je sais bien que moi, qui m'en plaints, qui me bats et qui en souffre, j'en suis le complice par bien des manières. Mais ce n'est pas une raison, et il m'a fallu un temps fou pour remarquer tout ça, donc si je peux ouvrir les yeux d'une seule personne c'est déjà un grand pas.